Il y a une semaine ou deux, Muse a joué un tour pendable à la dragonne : en réfléchissant à une nouvelle, elle lui a balancé un personnage sur le coin des neurones (elle fait ça souvent). Elle voulait une dryade (ok, si elle veut). Mais une dryade non-binaire / genderfluid (d’accord, pas de souci). Et que ce soit botaniquement justifiable (ah, ça se complique). Ah, et une plante toxique (… ça va pas être simple). Et si ça pouvait être une liane, ce serait cool (… Muse veut la mort du Cerveau de son hôte).
Du coup, la dragonne s’est retrouvée à interroger Google sur le sexe des plantes à minuit passé. Et s’est dit qu’elle pouvait partager…
1. De la sexualité des plantes
La reproduction chez les plantes, c’est… totalement inutilement compliqué. Donc, je vais rester très en surface, juste assez pour vous donner un premier aperçu.
Schématiquement, il y a deux moyens d’avoir une descendance. Le premier, c’est la reproduction sexuée : on mélange le matériel génétique de deux individus, et on obtient un descendant qui est génétiquement différent des parents. Le second, c’est la reproduction asexuée : là, il n’y a pas de mélange, la descendance est génétiquement identique à la plante mère (des clones, quoi).
1a. La reproduction asexuée (ou multiplication végétative)
Niveau méthode de reproduction asexuée, les plantes ont l’embarras du choix. Parmi les possibilités : se couper en plusieurs fragments qui donneront une plante entière, pouvoir refaire une plante entière à partir d’un bout de feuille / de tige / de racines / autre, faire des spores (des sortes de graines), faire des graines qui ne sont pas fécondées par les plantes mâles, voire même faire des graines qui sont fécondées pour déclencher le processus de reproduction, mais dont le matériel génétique mâle n’est pas utilisé… Bref, il y en a pour tous les goûts.
Fun fact : c’est grâce à la reproduction asexuée que l’on peut bouturer des plantes !
1b. La reproduction sexuée
Le principe général : le pollen (produit par les plantes mâles) doit venir féconder l’ovule (plante femelle). Mais pour arriver à ce même résultat, il y a plusieurs possibilités d’organisation, surtout chez les plantes dites « à fleurs » (ou angiospermes).
La première, c’est la dioécie, relativement rare : 7% des plantes environ. Chez les plantes dioïques, il existe des pieds mâles (n’ayant que des fleurs mâles) et des pieds femelles (n’ayant que des fleurs femelles). Pour permettre la fécondation, il faut donc que les deux types de pieds ne soient pas trop loin l’un de l’autre !
La seconde, et la plus courante, c’est la monoécie : chaque pied est à la fois mâle et femelle. Parfois, ce sont sur des parties de la plante séparées : certaines branches ne portent que des fleurs mâles, d’autres que des fleurs femelles, par exemple. Mais, le plus souvent, chacune des fleurs est à la fois mâle et femelle (on parle de fleur hermaphrodite ou parfaite).
Et la pollinisation en elle-même, dans tout ça ? Eh bien, la plupart du temps, il faut un intermédiaire qui transporte le pollen d’une fleur à l’autre (oui, même pour les fleurs hermaphrodites, l’autofécondation n’est pas la norme, vu qu’il n’y a dans ce cas pas d’apport d’un autre matériel génétique). Ce sont souvent des insectes (les fameux insectes pollinisateurs), mais cela peut aussi être le vent, l’eau…
1c. Le bordel continue
Et bien sûr… tout cela peut se mélanger. Un pied peut avoir des fleurs mâles et des fleurs hermaphrodites, par exemple, pendant qu’un autre aura des fleurs femelles et des fleurs hermaphrodites.
De même, certaines plantes ont un cycle de reproduction en deux temps : une phase asexuée, une phase sexuée.
Bref, c’est le bordel. Et chaque espèce peut faire les choses un peu à sa sauce !
2. Et les dryades, du coup ?
Le point de départ de cette réflexion, c’était que Muse et Cerveau voulaient tous les deux un.e dryade dont le genre collait au sexe biologique. (Je sais que ce sont deux choses différentes et que l’adéquation entre les deux ne va pas de soi, mais là… iels voulaient. Pour autant qu’on puisse parler de genre pour une entité qui est de toute façon très beaucoup plantesque et à peu près pas humaine du tout, en plus…)
Spoiler : normalement, j’ai trouvé. Ce sera un.e dryade basé.e sur Strychnos toxifera, une liane dont on peut se servir pour faire du… curare. Tout ça pour une nouvelle. Parfois, Muse me blase.
Mais au-delà de ça, je me suis rendu compte (ou souvenue) que les plantes sont une source inépuisable d’inspiration, tant pour une espèce magique dans un monde de fantasy que pour une espèce alien dans un roman SF. Après tout, pourquoi se limiter à des espèces sexuées avec des individus mâles et femelles qui doivent se reproduire ensemble, bref reproduire le modèle humain majoritaire, alors qu’il y a tellement d’autres possibilités ?
Des espèces asexuées. Des espèces parfois sexuées, parfois asexuées. Des espèces dont certains individus sont hermaphrodites, d’autres uniquement mâle, d’autre entièrement femelles. Des espèces entièrement hermaphrodites. Des espèces pouvant se cloner en plantant une feuille, où des lieux complets pourraient être habités par des clones tous issus d’un même organisme mère. Des espèces ayant besoin d’un intermédiaire pour assurer leur fécondation. Des espèces qui sèment leurs spores à tout va. Des espèces dont les membres se reproduisent tous en même temps. Des espèces qui ne se reproduisent qu’une seule fois puis meurent… Bref, il y a là l’embarras du choix !
Et bien sûr, à cela vous pouvez rajouter des notions de genre ! Parce qu’à nouveau, il n’y a pas de raison que le genre et le sexe soient cohérents entre eux.
Et si vous n’aimez pas trop les plantes… ou si elles ne vous aiment pas… il y a aussi des choses sympas chez les animaux, surtout chez les insectes !
Bibliographie
Vu que je suis restée en surface des choses, pas d’articles pointus sur le sujet. Mais voilà quelques généralités :
– Article Wikipedia sur la reproduction des plantes (en anglais)
– Article un peu plus grand public sur le même sujet
Et puis quelques spécificités sympas :
– Sur la floraison grégaire de certains bambous
– Sur la pollinisation de la vanille
Et sur les plantes tout court :