Cette semaine, la dragonne vous présenter un de ses énormes coups de cœur littéraires toutes années confondues. C’est parti pour À la pointe de l’épée (ou Swordspoint, pour les lecteurs VO), d’Ellen Kushner, publié en français chez Calmann-Levy et FolioSF.
(Oui, ceci aussi est un repost.)
C’est quoi ?
Un roman de fantasy of manners (ou fantasy de mœurs en bon français). Ou alors un roman de cape et d’épée. Ou alors un mélange des deux ? Oui, plutôt un mélange des deux.
Ça raconte quoi ?
Richard Saint-Vière est le plus fameux des tueurs des Bords-d’Eau, le quartier des pickpockets et des prostituées. Aussi brillant qu’impitoyable, violent à ses heures, ce dandy scandaleux gagne sa vie comme mercenaire en vendant ses talents de bretteur au plus offrant, sans trop se soucier de morale. Mais tout va se compliquer lorsque, pour de mystérieuses raisons, certains nobles de la Cité décident de se disputer ses services exclusifs ; Saint-Vière va dès lors se retrouver au cœur d’un inextricable dédale d’intrigues politiques et romanesques qui pourraient bien finir par lui coûter la vie…
Pourquoi j’ai aimé ?
1. Les deux personnages principaux. Richard, le bretteur de génie, tout en violence, en tension et en contrôle, froid et déterminé, attiré par le danger et le défi comme un papillon par une flamme… Et puis Alec, son amant. Alec l’étudiant auto-destructeur et suicidaire, qui flaire les ennuis et la violence à des lieues à la ronde et s’y jette à corps perdu, dangereux pour lui et pour les autres. Alec, perdu, cynique, empli de morgue et de peur, en équilibre précaire entre la raison et la folie… (Vous l’aurez compris, j’adore ce personnage. J’ai toujours eu un faible pour les personnages pleins de failles, c’est plus fort que moi…) Et leur relation, toute destructrice et inégale et violente qu’elle soit, n’en est pas moins forte et sincère, et j’ai envie d’y croire…
2. L’absence de manichéisme. Voire même carrément l’amoralité latente qui enveloppe l’histoire. Tout est gris dans ce monde, il n’y a pas de bons ni de mauvais, juste des gens qui font ce qu’ils ont à faire, même tuer, et ce sans en éprouver le moindre remord.
3. Le style tout en poésie. Pourtant, la narration est distanciée, presque froide, morcelée, mais ce qu’elle peut être évocatrice… Ah, ce feu d’artifice sur l’eau… ❤ ❤ ❤
Et après ?
Swordspoint a deux suites (The privilege of the sword et The fall of the kings, non traduites), qui se déroulent quelques années plus tard et présentent des protagonistes différents, ce qui fait que le roman peut très bien se lire comme un one-shot. Il y a aussi une préquelle, Tremontaine (également non traduite), qui se présente sous forme de série romanesque, co-écrite par plusieurs auteurs.
En bref
Lisez A la pointe de l’épée ?